Document - Le microbiote intestinal façonné dès la naissance
Les pathologies chroniques comme les maladies allergiques, le diabète ou l’obésité sont plus fréquentes chez les enfants nés par césarienne que chez ceux nés par voie basse. Ce constat a conduit à évaluer le rôle éventuel du microbiote pour expliquer ce lien épidémiologique.
Le recours aux nouvelles techniques moléculaires a ainsi permis de mettre en évidence une différence de composition du microbiote initial (peau, muqueuses orales et vaginale) selon le mode d’accouchement. Chez les enfants nés par voie basse, il est essentiellement composé des bactéries vaginales de la mère (Lactobacillus et Prevotella) et on retrouve très peu de bactéries de l’atmosphère de la salle d’accouchement et de la peau du personnel. À l’inverse, chez les enfants nés par césarienne, ce sont les bactéries de la salle d’accouchement et du personnel qui prédominent, essentiellement les bactéries commensales de la peau (Staphylococcus, Corynebacterium et Propionibacterium).
Par la suite, le microbiote intestinal se diversifie avec l’allaitement (maternel ou avec des formules infantiles pour la plupart enrichies en souches probiotiques de bifidobactéries). Après, le sevrage et l’évolution vers une alimentation solide vont favoriser la colonisation en Bacteroidetes et Clostridium capables de dégrader les polysaccharides complexes. En effet, il a été démontré que la colonisation séquentielle par des lactobacilles, des bifidobactéries et des Bacteroidetes pouvait être perturbée chez les enfants nés par césarienne. D’autres travaux ont montré, que le microbiote des mères en surpoids, est transféré aux bébés nés par voie basse, mais pas chez ceux nés par césarienne.
Par ailleurs, la prise d’antibiotiques par la mère pendant la grossesse apparaît associée à un risque accru d’obésité, tout comme les antibiothérapies au cours des premiers mois de la vie du nouveau-né.
Document - Le peuple hadza est l’un des derniers peuples africains à vivre encore de la chasse et de la cueillette.
Ce peuple tanzanien se compose encore de tribus de chasseurs-cueilleurs, vivant probablement comme le faisaient nos ancêtres avant qu'ils ne maîtrisent l'agriculture. Leur régime alimentaire est évidemment très différent de celui du monde occidental. Les Hadzas n’ont pas de bactéries du genre Bifidobacterium dans leurs intestins, alors qu’on en retrouve chez des peuples d’agriculteurs à travers le monde. Surprenant ? Pas forcément, puisque ce genre bactérien est associé aux produits laitiers, qui n'entrent pas dans l'alimentation du peuple hadza.
Autre différence remarquable : les hauts niveaux de bactéries du genre Treponema chez les nomades tanzaniens. Ces micro-organismes sont plutôt associés à des maladies : l'un d'eux est à l'origine de la syphilis par exemple. Pourtant, les Hadzas se portent bien, très bien même. Chez eux, pas de diabète, pas d'obésité ni de troubles auto-immuns. Le cancer du côlon ? Ils ne le connaissent pas, ou peu. Les inflammations intestinales comme la maladie de Crohn ? Ils ne se sentent pas concernés. Malgré ces profils microbiotiques qui surprendraient plus d'un spécialiste, les chasseurs-cueilleurs sont en bonne santé. De quoi battre en brèche certaines idées reçues sur la composition idéale des populations bactériennes des intestins !
Une dernière surprise attendait les auteurs de ce travail, dirigé par Alyssa Crittenden, de l'université du Nevada, à Las Vegas. Ils ont noté une nette différence dans les microbiotes des hommes et des femmes hadzas. Une divergence issue de la division des tâches au sein de ce peuple nomade : les hommes sont chasseurs et se nourrissent principalement de viande et de miel. Les femmes, quant à elles, collectent les fruits ou les tubercules, qu'elles mangent en plus grande quantité. Chaque sexe doit avoir l'équipement bactérien adapté à ses besoins.